12.10.06

La crise coreenne

Un très intéressant article du Washington Monthly, par Fred Kaplan, retrace les négociations entre les américains et la Corée du Nord, depuis l'ère Clinton. L'article est de mai 2004, mais vaut le coup d'oeil vu les développements récents.

En résumé: loin de l'image de colombe que les républicains s'acharnent à coller à Clinton, celui-ci a été très loin dans l'épreuve de force - et dans la diplomatie. Et lors de la reprise en main des négociations Bush, les faucons ont réussi à mettre Colin Powell, multiplier les erreurs, et finalement amener les discussions au point mort, tant d'ailleurs avec la Corée du Nord que la Corée du Sud.

Ce qui est saisissant finalement, ce n'est pas tant la stupidité diplomatique de l'administration Bush - il y a suffisement d'autres exemples pour ne pas avoir besoin de celui-ci, mais le simple fait que depuis 6 ans, la politique américaine est très peu contestée, ou simplement disséquée. De même, les choix très différents de l'équipe Clinton et l'historique des relations avec la Corée n'apparaissent quasiment jamais.

Alors ?

Faiblesse là encore des démocrates, incapable de faire autre chose que le dos rond, rangés patriotiquement derrière le président républicain dans l'épreuve ? Incapacité (et on est pas loin de la situation française) à défendre un bilan de gouvernement ? Plus grave: incapacité des médias à faire cette mise en perspective et montrer que plusieurs approches étaient possibles ? C'est d'autant plus troublant que autant on peut vaguement comprendre cela des médias US, autant j'ai guère l'impression de voir cette démarche dans les médias - ou hommes politiques - français, à qui on ne peut nier un américanisme.. modéré.

6.10.06

Du blog citoyen

Bereno est coupé, sur ordre. Carnet juste, terriblement instructif et sans provocation, ce blog d'un inspecteur du travail était l'un des plus beaux extemples de ce que peut produire de plus passionnant tout à chacun. Le télescopage est terrible, au moment où Médiamétrie nous apprend doctement que "De visiteurs, les internautes sont devenus acteurs, voire même « créateurs ». 17,5% des internautes interrogés se sont en effet dits producteurs de contenus multimédias. Ces productions passent par la création de forum, de blog ou la diffusion de ses propres contenus audio et vidéo..

Quels producteurs, quels contenus ? Qu'est-ce qui amène à un contenu, pourquoi l'écrire ? pourquoi le partager ? comment le faire ? comment réussir cet exercice délicat du passage d'une envie, d'une passion à une forme qui permettra au lecteur anonyme d'en jouir ? Curieux d'avoir cette impression que ce sont justement les "créateurs" (pour reprendre le terme bizarrement juste de Médiamétrie) qui se sont d'abord posé ces questions qui sont les plus passionnants à suivre.

Bref, d'Eolas à Peter Gabor, les meilleurs carnets ne sont-ils pas justement les carnets spécialisés, concentrés sur la pratique de leurs auteurs - s'offrant toujours de temps à autre certaines escapades ? Peut-être pas. Peut-être que d'autres tirent leur essence de leur style, du partage qu'ils offrent à leurs lecteurs et commentateurs.

Mais rassembler les "internautes" dans un "17.5%" indifférencié est caricatural. 17.5% des internautes créateurs, cela m'importe peu. Un seul Bereno, que sa hiérarchie force à arrêter son carnet hors de cadre légal, c'est une catastrophe. Parce que c'est un modèle pour tous les autres.

3.7.05

Etrange

Cela a commencé une fois arrivé en haut via le (second) téléphérique, qui fait d'ailleurs plus vieux engin de mine transformé vers un autre usage qu'autre chose. On était près des ruines des fondations, qui sortent encore à peine de terre. Il reste dans un coin la carcasse en déliquescence de la Porsche qui reste là comme témoin, vu que son propriétaire - après avoir enfoui ses dernières notes - s'était fait prendre par la police et n'était jamais revenu.

Et donc dans la nuit qui tombait depuis quelques temps, on entendait quelques explosions sourdes, et maintenant avec d'énormes pan de terre qui volent. Dont quelques uns qui commencent à s'écraser pas si loin. Voire près. Donc déplacement du groupe pour aller voir la source de la perturbation, à quelques centaines de mètres, et il s'agit des travaux préliminaires pour l'hotel très contesté construit à proximité du site. Le ton monte, la discussion s'envemine rapidement, et un des gros bras du site de l'hotel commence à menacer de manier les explosifs. Le groupe reflue sur le petit bout de route de montagne.

Mais alors que Ward Calligan est resté en arrière et continue à invectiver, ceux de l'hotel préparent et jettent une bombonne de produit éclairant sur lui. La bombonne dévale et explose bien trop près de Ward, projeté sur le flan de la montagne. Il se relève ensuite, manifestement aveuglé et sourd aux cris, et titube sur toute la largeur de la route, jusqu'au parapet et tomber dans le précipice, dans l'à-pic de 3000 mètres. Ses cris résonnent pendant de très longues secondes. Le retour par le petit téléphérique et le grand se fait dans l'hébétude et la précipitation. Une fois en bas, on commence à découvrir que les américains du groupe de l'hotel ont commencé à manipuler la vérité, déguiser le tout en accident, et comme le dirigeant possède manifestement beaucoup trop d'activités alentour, la plupart des membres du groupe se retrouvent avec des menaces de perdre leur job, et même celui qui appartenait à une fondation, financée en fait en sous-main par le même homme.

Tout ça se passait au Berghof, curieusement relocalisé dans un no man's land entre Autriche et Suisse, et dans mon rêve de cette nuit.

21.4.05

Palme et tubas

LES FILMS DE LA SÉLECTION OFFICIELLE

COMPÉTITION LONGS MÉTRAGES

  • Dominik MOLL, "LEMMING" Je suis problablement une des dix-sept personnes à n'avoir pas vu "Harry". Une entrevue avec Dominik Moll à propos du tournage de Lemming et de ses changements d'approches sur le projet m'avait attiré l'oeil.
  • David CRONENBERG, "A HISTORY OF VIOLENCE" J'aime beaucoup Cronenberg, et "Spider" était une (heureuse) surprise. Une impression étrange, comme si la règle du mot fait chair devenait une opération mentale, mais sans rien perdre de sa capacité à prendre le spectateur de front. Impatient de voir celui-ci, et impatient de voir aussi Cronenberg diriger des acteurs déjà marqués par d'autres rôles.
  • Jean-Pierre et Luc DARDENNE, "L'ENFANT" Les frères Dardenne font partie de ces cinéastes dont je sais que les films me plairont sans doute, mais qui n'arrivent jamais à me motiver assez pour aller en salle.
  • Atom EGOYAN, "WHERE THE TRUTH LIES"
  • Amos GITAÏ, "FREE ZONE" Dintérêt un sourcil relevé.
  • Michael HANEKE, "CACHÉ" Haneke je ne peux pas, une complaisance intellectuelle dans la noirceur.
  • HOU Hsiao-Hsien, "THE BEST OF OUR TIMES" J'aime beaucoup HHH, sans pouvoir vraiment dire pourquoi.
  • Jim JARMUSCH, "BROKEN FLOWERS" Tiens Jarmusch. Un autre cinéaste dont j'ai vu très peu de film, qui me plairait sans doute, mais que je n'ai jamais vraiment exploré.
  • Tommy Lee JONES, "THE THREE BURIALS OF MELQUIADES ESTRADA" A priori positif.
  • Masahiro KOBAYASHI, "BASHING"
  • Arnaud et Jean-Marie LARRIEU, "PEINDRE OU FAIRE L'AMOUR" Oui, donc, pourquoi pas.
  • Frank MILLER, Robert RODRIGUEZ, "SIN CITY" Ah, je suis très, très curieux de voir cela. Malgré ma réticence initiale aux films tout-CGI, "Immortel" et "Sky Captain" étaient de vraies réussites de création d'univers. Celui de Frank Miller est un sacré défi.
  • Carlos REYGADAS, "BATALLA EN EL CIELO"
  • Hiner SALEEM, "KILOMÈTRE ZÉRO"
  • Johnny TO, "ELECTION"
  • Marco TULLIO GIORDANA, "QUANDO SEI NATO NON PUOI PIÙ NASCONDERTI (Une fois que tu es né...)" Oui, donc, pourquoi pas (bis)
  • Gus VAN SANT, "LAST DAYS" Encore quelqu'un que j'irai voir les yeux fermés.
  • Lars VON TRIER, "MANDERLAY" Aïe aïe aïe. "Element of crime" était un coup sur la tête, "Les idiots", après 10 minutes de désorientation, une vraie jubilation. et "Dancing in the dark" un film boursouflé, prétentieux, manipulateur, décevant au possible. Depuis, je boude.
  • WANG Xiaoshuai, "SHANGHAI DREAMS" "Beijing Bicycle". Rien vu.
  • Wim WENDERS, "DON'T COME KNOCKIN'" Wenders. Comme un ami perdu de vue qu'on a beaucoup apprécié, et qu'un jour on a vu de moins en moins, mais dont on se dit que décidemment, il faudrait se croiser plus souvent, avec la vague crainte que cela devienne juste une discussion sur le bon vieux temps.

20.4.05

Mort aux relativistes

Titre un peu exagéré, mais l'homélie du 18 avril du futur Benoît XVI ne l'était pas moins. Et c'est précisément ce relativisme du Nouveau Catéchisme dirigé par le cardinal Ratzinger qui m'avait indigné en 1992. Prompt à condamner euthanasie et avortement, il admettait la peine de mort "dans les cas d’une extrême gravité". Même si cela a été amendé en 1998 en restreignant cela aux"cas de nécessité absolue de suppression du coupable", cela laisse une impression génante quand on confronte cela à l'interdiction de l'avortement ou aux passages sur le "don de la vie"

Bref, les gazettes glosent sur un Benoît XVI qui sera peut-être plus ouvert que le cardinal Ratzinger (ce qui ne serait pas forcément impossible vu l'intelligence du personnage), mais si l'on juge le concret, le corpus doctrinaire, les positions passées devenues encycliques, l'animal démarre avec un bon gros passif.

Et je ne vais pas parler de la vision des femmes (un journaliste faisait justement remarquer l'absence total de rôle féminin dans les cérémonies), on pourra consulter un article de Clio sur la femme dans le susmentionné Nouveau Catéchisme.

10.4.05

Sartre perdu

Exposition Sartre à la BNF. Vague déception. La mise en scène globale est lisible, séparée en grandes périodes, grands espaces clairement délimités. D'autres choix sont plus contestables: le Sartre montré ici est un Sartre écrivant avant tout, et ses autres facettes sont à deviner en filigrane. Exception notable: Sartre dramaturge, isolé dans de petites alcôves. Le choix n'est pas déraisonnable, mais l'accumulation des documents et le manque de contexte rend parfois certaines vitrines fastidieuse. Les légendes reprennent parfois une phrase notable, mais quand on devine derrière quelques premières pages de lettres le fracas des départs aux Temps Modernes, une certaine frustration s'installe. Le même reproche s'applique au Sartre homme d'action, dont la concrétisation des engagements se retrouve de même masquée derrière les brouillons: les luttes avec le pouvoir Gaulliste, l'engagement au coté des maos, et même la grande fracture d'avec les comunistes sont paradoxalement un peu cachés par la profusion des pages.

4.4.05

Musiques en forme de cercle

Examen critique par l'auteur de la présente note de sa (variée, trop peuplée) musicothèque. Sont répertoriées parmi sous la rubrique "Musique en forme de Cercle", entre autres oeuvres:
  • Nurture - LFO (Warp10+3)
  • L'est dans la vallée - Rodolphe Burger
  • Discipline - King Crimson
  • Icct Hedral - Philip Glass and Aphex Twin
  • La rupture - Yann Tiersen
  • Pulses - Steve Reich
L'auteur de la présente atteint un point d'accumulation - plus ou moins compulsive - d'oeuvres musicales qui le fait s'interroger sur les lignes de tension présentes dans ladite accumulation, les mouvements souterrains qui l'orientent. L'auteur de la présente se demande si c'est une manière d'exorciser la peur diffuse de ne plus se prendre de chocs musicaux dans le futur.