9.12.04

Restif de la Bretonne

"Il ne composait que ses propres ouvrages, et telle était sa fécondité qu'il ne se donnait plus la peine de les écrire: debout devant sa casse, le feu de l'enthousiasme dans les yeux, il assemblait lettre à lettre dans son composteur ces pages inspirées et criblées de fautes, dont tout le monde a remarqué la bizarre orthographe et les excentricités calculées. [...] Quelquefois il lui plaisait d'essayer un nouveau système d'orthographe; il en avertissait tout à coup le lecteur au moyen d'une parenthèse, puis il poursuivait son chapitre, soit en supprimant une partie des voyelles, à la manière arabe, soit en jetant le désordre dans les consonnes, remplaçant l c par l's, l's par le t, ce dernier par le ç, etc., toujours d'après des règles qu'il développait longuement dans des notes. "

Gérard de Nerval, Les confidences de Nicolas, parlant de Restif. In Eric Hazan, L'invention de Paris