20.2.05

Al1Jup passe le bac

Curieuse remarque d'Alain Juppé sur son blog (si si, je lis parfois le carnet d'Alain Juppé - et je lis aussi parfois le Figaro, j'avoue, mais c'est pour un plaisir coupable: le courrier des lecteurs).

Donc Alain Juppé, qui répond à des commentaires au sujet de la réforme du bac (avant l'abandon des points incriminés):

Pour aller au fond des choses, je comprends bien que l'inquiétude de certains jeunes, qui est réelle et respectable, vient du risque de rupture d'égalité. Il y aurait les bacs des bons lycées et les autres. Regardons-y de plus près. Premier argument, un peu cynique peut-être mais c'est un lycéen qui l'évoque: qui peut nier que dès aujourd'hui, avant toute réforme, pour entrer en classe préparatoire ou dans les établissements d'enseignement supérieur qui pratiquent plus ou moins ouvertement la sélection, il vaut mieux sortir d'un lycée réputé, quelle que soit par ailleurs la mention au bac ? Deuxième argument : le bac restera un diplôme national, et le contrôle continu n'entrera en ligne de compte que très partiellement; les notes aux épreuves finales, garantes aux yeux de certains de l'impartialité du diplôme, resteront prépondérantes. Troisième argument : la notation en cours d'année peut varier d'un lycée à l'autre, mais pourquoi ne pas faire confiance à l'Education nationale pour harmoniser les choses, comme elle le fait entre notateurs du bac actuel? J'ai découvert que paradoxalement, ce sont les élèves des "grands" lycées qui redoutent d'être pénalisés par une notation plus sévère qu'ailleurs! Difficile de comprendre où seront les injustices..
C'est amusant de voir quelqu'un comme Juppé jouer les imbéciles, et confondre allègrement au fil de ses arguments le bac-juste-comme-diplôme, et le bac-et-ses-notes-comme-passeport. Son point 1 est assez soufflant de cynisme: puisqu'il y a déjà inégalité scolaire, quel est le problème d'avoir un risque supplémentaire d'inégalité sur le diplôme du bac ? (sans compter que oui, il y a encore des recrutements basés fortement sur les résultats du bac). Le point 3 est assez curieux aussi: est-ce un appel à avoir un contrôle continu aussi rigoureux que le Bac dans ses méthodes (anonymisation des copies, barèmes nationaux et sujets nationaux ou régionaux), auquel cas Alain Juppé rejoindrait les syndicats. Il serait étonnant que quelqu'un comme Juppé pense à ce genre d'actions sans avoir immédiatement en tête le coût d'une telle réforme. Ne parlons pas du point final sur les "grands lycées" premières victimes potentielle de "l'injustice". Le corps social des élèves des "grands lycées" a bien d'autres moyens de se battre. Alain Juppé, ou les réflexes de la noblesse d'état, vus de l'intérieur.