Lignes éditoriales

Évidemment, on pourrait ironiser sans grand effort sur les articles croisés de Libération et du Monde. L'un qui annonce le départ de Plenel de la direction du quotidien du soir, et l'autre pour noter qu'Edouard de Rothschild se propose d'investir 20 millions d'euros dans Libé. Compte rendu très factuel de Libé, et article du Monde nettement plus vachard, qui appuie bien là où ça fait mal, de l'entretien de l'investisseur donné au Figaro à la mention de Guillaume Hannezo dans l'opération.

On pourrait, mais on ne va pas faire. Parce que ce genre de montages et conséquences (qui croira Edwy Plenel parlant de "réflexion de longue date" à l'heure où Le Monde se retrouve dans le pétrin financier) est loin d'avoir des conséquences directes sur la ligne éditoriale de nos beaux journaux, vu les systèmes de blocages en place chez les uns et les autres.

On ne va pas ironiser, parce que dans le même temps, en Italie, certains n'hésitent pas à changer les lignes éditoriales, avec une brutalité tellement affirmée qu'elle montre bien à quel point la lisibilité de ce genre de manoeuvre de préoccupe plus leurs auteurs. Silvio Berlusconi a fini par avoir la tête du présentateur indépendant et vedette du 20 heures de Canale 5. Et les remarques de l'évincé Enrico Mentana dans Libé font froid dans le dos:

Personne n'ignore le motif politique de ma destitution. [...] Aujourd'hui, avoir un 20 heures de Canale 5 indépendant n'est plus indispensable. Jusqu'à présent, Silvio Berlusconi et son entourage avaient toujours revendiqué le respect du pluralisme de l'information en prenant en exemple mon journal [...] Mais avec la nouvelle loi sur la communication la situation a changé. Une fois à l'abri, ils ont estimé qu'ils pouvaient favoriser d'autres intérêts que ceux de l'entreprise. [...] Ce n'est pas la télévision qui détermine l'élection. Dans les années 70, la Rai dépendait du gouvernement et pourtant c'est entre 1975 et 1977 que la gauche italienne a enregistré ses plus gros progrès.

Sur ce dernier point, je suis loin de partager son optimisme relatif. La RAI des années 70, tout comme la télévision française de la même époque étaient peut-être directement liées au pouvoir politique, mais cette inféodation était perçue comme telle.

Différence de taille.

Commençons

Il portait cette veste au fil des décennies, donnant l'ancienne à l'Armée du Salut et en achetant une autre exactement pareille, d'un marron ordinaire qu'il pouvait repérer sur un cintre de magasin à cinquante mètres dans un de ces vastes espaces assourdis juste avant l'heure de la fermeture là où les rangées de complets sont disposées comme des cadres supérieurs en enfer.

Outremonde - Don DeLillo